L'Art du Dessin
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 Écrits d'Eda

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Edajial
Fondatrice; Administratrice folle des années 80
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Edajial


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MessageSujet: Écrits d'Eda   Écrits d'Eda Icon_minitimeDim 10 Fév - 18:35

Tenez, le début d'une histoire que j'écris (j'aime écrire^^). Dites moi ce que vous en pensez Smile

Prologue

La chose grondait dans l'ombre, je me suis demandé un moment si la meilleure solution était de courir, mais finalement, à quoi bon ? Rester sur place, attendre que le vent passe, que le jour se lève ou bien que je me réveille. La forêt était noire, elle l'avait toujours été, mais ne l'était-elle pas plus ce jour là ? J'aurais peut-être dû hurler, ou peut-être aurais-je dû grimper dans un arbre, faire la morte... Mais on ne m'y avait pas préparée, je ne savais absolument pas quoi faire face à la bête, on en parlait, on en avait peur, mais personne ne donnait le moindre conseil pour la fuir. Peut-être était-ce parce qu'il est impossible de lui échapper, peut-être qu'il n'y avait rien à faire et que la seule chose qu'il me restait était d'accepter. J'ai regarder l'ombre, je pouvais voir ses yeux jaunes brillés, la chose me regardait. Je me suis demandé si j'aurais dû prendre peur, ou bien si le calme aurait dû être ma réaction, mais à bien réfléchir je ne ressentais absolument rien. Un brin d'anxiété peut-être, mais au fond, j'avais toujours su que ce jour arriverait, on ne vivait pas bien vieux dans notre village... A cause de la bête ou pour une autre raison ? Peut-être ne le saurais-je jamais. On dit qu'à l'approche de notre mort, notre vie défile devant nos yeux. J'aurais aimé que ce soit vrai. On devait me voir à des kilomètres à la ronde avec mon manteau rouge, mais il n'y avait personne à des kilomètres à la ronde, et quand bien même la forêt était trop dense pour y voir ne serait-ce qu'un pan de mon manteau. Les doyennes m'avaient prévenue que la mort guettait toute les jeunes filles de ma famille si par malheur elle s'aventurait dans cette forêt. Pourquoi n'ai-je pas obéit ? Cela aurait-il changer quoi que ce soit ? Calme comme j'étais, la bête pouvait bien me croquer, je n'aurais pas peur de cette fatalité. D'un geste lent, j'ai abaisser ma capuche rouge, mes cheveux pouvait bien vivre leurs derniers instants en liberté, non ? Je me suis totalement tournée vers la bête qui grondait, j'ai planté mon regard d'un le sien, comme si je lui posait un défi. Elle ne me faisait plus peur. Une branche craqua quand la bête posa une patte en avant, et je pu entendre le cri d'un hibou. Au moins, je n'étais pas totalement seule. La bête ne me lâchait pas des yeux, et soudain, peut-être était-ce la révélation de ma mort prochaine, j'eus enfin peur et j'éclatais en sanglots, seule dans cette forêt, avec pour seule compagnie un hibou et la bête qui me dévorerait. Je n'avais pas fini de pleurer, je n'aurais peut-être jamais fini de toute façon. Mes yeux se retournèrent vers la chose.
Puis.
Elle passa à l'acte.
Quelqu'un m'avait-il entendue poussé mon dernier cri ?
Laëlys fut mon nom.


1. Naraya.

Le soleil matinal n'était pas encore sorti de sa cachette quand le cri retentit. Un cri horrible, inhumain, qui résonna dans tout le village comme l'annonce de la fin du monde. Un cri qui ma glaça le sang et me réveilla en sursaut. Un cri a vous tordre les entrailles et à vous torturer l'esprit. Je cru que mon cœur exploserait face à ce cri, qu'il n'y aurait pas assez de place pour lui en moi et que la nouvelle annoncée serait la pire du monde. Jamais je n'avais entendue un cri pareil. Après quelques secondes à restée immobile dans mon lit, j'eus l'impression d'avoir rêvé tellement le silence qui s'en suivit était pesant. Le cri était celui d'une femme semblait-il, juste au bas de la maison. Ma chambre était baignée dans l'obscurité de la nuit. J'ai attrapé mon manteau. Un coup d'oeil vers le lit de ma sœur m'étonna. Son lit était vide. A la vue du lit vidé la peur s'empara de tout mon être et j'eus peur de descendre voir ce qui se passait dehors. Cela faisait une nuit que ma sœur avait disparue en forêt. Où es-tu Laëlys ?
Avec un nœud au ventre, j'ai descendu les escaliers. La maison était vide, le lit de mes parents semblait avoir été déserté, ma peur décupla. La porte était ouverte et j'observais cette porte avec anxiété. J'avais peur de ce que j'allais découvrir là-dehors, mais j'avais terriblement besoin de savoir. Mon pas se dirigea vers la porte de lui-même, je ne faisais plus partie de ce corps qui avançait à mon insu. Les étoiles et la lune éclairaient légèrement l'extérieur et me permit d'apercevoir le petit rassemblement à deux pas de la maison. Je reconnue ma mère et sa tresse blonde, agenouillée devant une chose que je ne pouvais voir, des hommes du village entourait la chose. Pas n'importe quels hommes, les chasseurs. Les seuls à s'aventurer dans la forêt. Mon cœur tapait si fort que mes oreilles bourdonnaient sans cesse. Mes pas avançaient vers eux, sans que je puisse les en empêcher. Je ne voulais pas savoir. J'étais toute proche, je pouvais voir quelque chose de rouge sur le sol. J'approchais encore, les regards se tournaient vers moi sans que je m'en rende compte, mon regard fixait cette chose. Cet amoncellement de chair et de sang. Je cru que j'allais vomir, mais rien ne sortit. J'étais sur le point de crier, quand un homme m'attrapa les épaules et me redirigea vers la maison, mais mon esprit s'était dissipé et je me souviens à peine de ce moment. Sans que je sache vraiment comment, je me suis retrouvée en pleurs sur une chaise de la cuisine, mon père à mes côtés. C'était donc lui l'homme qui m'avait ramenée ? Je ne comprenais pas trop ce qui se passait, tout était flou et je ne pouvais éviter de pleurer. J'avais terriblement mal à la tête et je ne cessais de déverser mes larmes sur le manteau de mon père. Les épaules entourés de ses bras. Je ne voyais pas son visage mais je sentais ses larmes. Cette chose qu'avaient ramenés les chasseurs, était vraiment ma sœur, des morceaux de ma sœur Oui, j'avais vu son visage, ses yeux grands ouverts qui m'avaient regardés. Cette image me hantait, me tourmentait, je ne pouvais plus m'en défaire, elle collait à ma peau comme un parasite. J'aurais préféré ne rien voir et ignoré à jamais ce qui lui était arrivé. Combien de larmes pouvait lâché mon corps ? Mes yeux ne s'assécheraient-ils jamais ?
La suite, je ne m'en souviens pas, je me suis seulement réveillée dans mon lit, avec la sensation que ça n'avait-été qu'un rêve, mais je portais encore mon manteau. J'avais l'impression que mes yeux étaient plus secs que du charbon et que du sel s'était déposé sur mon visage entier. Je tremblais, mais pas de froid. Je me suis levée et mes jambes faillirent me lâchée. D'un pas d'automate j'ai descendu les escaliers et suis entrée dans le salon. Devant le feu, mon père entourait ma mère de ses bras. Il me jeta un coup d'oeil, le coup d'oeil le plus triste que j'ai jamais vu, tout le malheur du monde semblait y être entré en une seule seconde.
Je détournais mon regard de mon père et sortit dehors. Il était très tôt et l'herbe était trempée de rosée matinale. Douce vue pour un matin pareil. Il n'y avait personne à l'extérieur et j'en fus soulagée. J'étais en robe de nuit, je portais mon manteau et j'étais pieds nus. Le même manteau rouge que celui de ma sœur. Le mien était seulement plus petit, puisque j'étais plus jeune qu'elle, et plus petite de taille. Ma sœur était une grande femme. Enervée contre le monde, j'ai jeté mon manteau dans l'herbe et je suis partie. Partie pour nul part, partie pour errer on ne sait où. Si j'avais réussi à décrire ce que je ressentais en cet instant précis, je l'aurais fait, mais les sentiments qui me bousculaient étaient si confondus et mon esprit si trouble que je n'aurais pas su dire ce qui se passait en moi. Un mélange de colère, de détresse, de honte et d'ivresse. Comment décrire ça ? Il n'y a pas de mot pour tout. Je maudissais ce village et ses habitants, cette forêt et ce qui y vivait, ce monde et son étrangeté. Le monde était pourri, on le pensait stable alors qu'un ver avait déjà dévoré tout son intérieur. Mon père travaillait à la scierie et j'aimais m'y réfugier en général, mais je ne pouvais m'empêcher de penser que nous y jouions avec ma sœur. Je ne savais absolument pas où aller, tout dans ce village me rappelait Laëlys, jusqu'au moindre brin d'herbe. J'en aurais hurlé si cela ne m'avait pas déchiré les poumons, il n'y avait aucun refuge, pas le moindre coin d'ombre où je puisses oublier, rien. J'ai tourné sur moi-même, j'ai regardé ce qui m'entourait et l'image de ma sœur me suivait là où mon regard se posait. Ces fantômes, c'était trop pour moi, je me suis mise à hurler en tenant ma tête dans mes mains et je me suis écroulée dans l'herbe comme une poupée de chiffon. Personne ne semblait s'inquiéter de moi et de mon désespoir. J'étais seule dans l'herbe à pleurer comme jamais. Je ne sais combien de temps je suis restée ainsi, écroulée dans l'herbe et en pleurs. Cela devait faire longtemps car la rosée avait disparue et le soleil chauffait mes épaules. Personne ne s'était inquiéter de moi car personne ne savait ce qu'il aurait bien pu faire. Tous savaient que ma douleur n'était pas apaisable et que tous leurs mots auraient été vains. Et puis, ils m'ont toujours trouvée bizarre, qui s'occupe des filles bizarres ? Ma sœur s'en occupait, et elle n'était plus là. J'en aurais encore pleuré si j'avais encore eu des larmes, mais mes yeux étaient si desséchés que je cru qu'ils allaient se déchirés. Ma robe de chambre était devenue verte et marron, couverte de terre et d'herbe, mouillée par la rosée. Mes cheveux étaient parsemés de brins d'herbes. Ces cheveux qui faisait jadis la jalousie de ma sœur, ma terrible crinière rousse. J'aurais pu arracher mes cheveux par touffes, mais elle en avait si bien pris soin toutes ces années que je ne fit rien. En ton honneur Laëlys, je les conserve.
Je ne compris pas très bien ce qui se passe les jours suivants, je dormais, mangeais et dormais sans penser. Tout était flou et mon esprit semblait fermé à toute tentative de discussion. Mais le troisième jour, je du sortir de ma torpeur. C'était le jour de l'enterrement. Je n'ai jamais aimé les enterrements.
Mes parents m'attendaient en bas, ils n'avaient pas dit un mot ces trois jours, de même que moi. Je pensais que plus jamais je ne reparlerais, ma parole était peut-être morte avec ma sœur. Ma mère avait les yeux d'un rouge qui me fit peur, et mon père semblait tellement fatigué et accablé par les remords que son dos s'affaissait sous le poids de ses sentiments. Je leur en voulu d'être si faibles. Ils étaient des adultes, ils se devaient d'être forts. Mais en même temps, comment leur en vouloir ? Ils avaient perdu leur fille, leur merveilleuse fille qui prise d'un vent de folie avait bravé le danger et les rumeurs pour entrer dans cette forêt. Tout le monde ici savait qu'aucune femme du village ne survivait à la forêt, le village était maudit, ou bien était-ce la forêt ? Les femmes savaient toutes depuis toutes petites qu'entrer dans la forêt était comme signé son acte de mort. De mort violente. Toutes étaient au courant et toutes en avaient peur, et pourtant plus de la moitié semblait y avoir été attirées, elles étaient prises de folie et partait dans la forêt sans que leurs maris, enfants ou amis n'aient pu les en empêcher. Ma mère tenait depuis plus longtemps que la plupart des femmes, les gens disaient qu'elle rejoindrait les doyennes. Mais sa fille était morte et la folie semblait la guettée. La mort était-elle donc inévitable dans ce village ? On pouvait osé y croire quand on parlait aux doyennes, mais certains disaient qu'elles n'étaient pas du village et que donc, la malédiction ne s'abattait pas sur elles. Je n'y avais pas cru, je pensais jusqu'à aujourd'hui qu'on pouvait résister à l'appel de la forêt, et aujourd'hui ma conviction vacillait et risquait de s'éteindre. Pourtant, Laëlys n'avait pas été prise de folie, mais j'étais la seule à le savoir, alors qui m'aurait cru en écoutant la vérité sur le départ de ma sœur ? Personne ne devait savoir et personne ne saurait jamais.
J'avais enfilé ma seule robe noire. Je détestais cette robe noire.
Nous sommes tous allés sur le lieu de l'enterrement. Je ne croyais pas à leurs dieux stupides ni à aucun autre, mais ma mère y croyait, alors l'enterrement fut religieux. Comme à chaque enterrement, la famille proche devait dire un dernier adieu au mort et lui offrir un présent quelconque qui était significatif pour la personne. Ma mère s'avança vers le tombeau fermé, le corps n'avait pas pu être rendu présentable. Elle pleurait quand elle dit ses derniers adieux à sa fille, adieux que personne ne comprit à travers ses sanglots. Ma mère déposa son collier en pierre de jade sur le tombeau. Le collier qu'elle allait lui offrir à son mariage. Ne tenant plus, elle s'écarta du tombeau et repartit s'asseoir au milieu des autres. Mon père avança alors. Il ne dit rien que l'on puisse entendre tellement il parlait bas. Sur le tombeau il déposa une petite sculpture en bois qu'il avait faite et qui représentait une petite fille. Mon père sculptait le bois à merveille. Il partit ensuite soutenir sa femme, me laissant ainsi la place. J'avançais en tremblant vers le tombeau, je ne savais absolument pas quoi dire. Alors, je ne dis rien. J'ai levé les yeux vers le rassemblement, tout le village était là, mais en même temps nous n'étions pas très nombreux dans ce village. Dans la foule je cru voir Theib, mais je n'avais aucune envie de le savoir là.
Je reportais mon attention vers le dernier lieu de repos de ma sœur. Je n'avais plus de larmes pour pleurer. De mon manteau, que j'avais sûrement dû récupérer dans l'herbe même si je ne m'en souvenais pas, je sortis une rose. La rose rouge, le rouge du sang de ma sœur et les épines de la mort. La rose rouge était le signe de la mort et de la violence, tous le savaient. J'ai déposer la rose sur le tombeau. Je regardais le tombeau, je me souvenais d'autres enterrements. Je cru vaciller sous l'emprise du souvenir. Je ne m'en rappelais plus, et sa vue me frappa de plein fouet et je failli m'écrouler, mais je tins finalement bon. Je revoyais tout jusqu'aux moindres détails. Le tombeau fermé, ma mère en pleurs, mon petit manteau rouge, ma sœur qui s'accrochait aux jambes de ma mère. Quel âge avais-je ? Cinq ans ? Je me rappelle de la peur qui m'avait submergée quand je dus m'approcher pour dire un dernier mot à la défunte. A ma tante, à la sœur de ma mère, entrée dans la forêt. Je me rappelle avoir lâchée ma poupée. J'ai couru, et les cris retentissaient dams mon dos, « Naraya ! », on m'appelait, mais j'étais trop affolée pour reculer. Je me suis enfuie de cet endroit qui me terrorisait. J'ai courue. Je suis entrée dans la forêt. J'y suis entrée. Cette révélation me coupa la respiration, mon cœur accéléra, je ne comprenais pas. Toute fille entrant dans la forêt n'en ressortait pas vivante. J'y étais entrée, j'y étais restée des heures si bien que tout le monde me crut morte. Mais j'en suis ressortie. Comment ai-je pu occulté un tel souvenir ? J'étais la seule à être sortie vivante de la forêt et je ne m'en rappelais même plus. Les gens s'en rappelaient et m'évitais pour cela, j'étais étrange, anormale, je leur faisais peur.
Je suis entrée dans cette forêt.
Et j'en suis sortie.

Vivante.


2. Theib

L'enterrement s'était fini calmement, et j'étais sortie du lieu de culte l'esprit embrouillé. Je ne savais plus trop quoi faire, peut-être que mon esprit avait inventé ce souvenir ? Peut-être que je rêvais. Il fallait que je fasse quelque chose, en parler avec mes parents, mais je n'en avais pas le courage ce jour-là, pas le jour de l'enterrement de ma sœur. Les gens du village étaient rentrés chez eux la mine lugubre, sûrement traversé par leurs souvenirs. Les femmes se demandaient combien de temps elles survivraient encore, et les parents serraient leurs petites filles dans leurs bras comme si il s'agissait de leur dernière rencontre. Laëlys était morte plus jeune que les autres, ça inquiétait les gens. En sortant, je n'avais aucune envie de retourner me cloîtrer chez moi. Je laissait donc mes parents rentrés seuls et je partit derrière la scierie. Nous avions pour habitude de s'y cacher avec ma sœur, notre père faisait comme si il ne savait pas où nous étions et nous appelait à grand cris théâtrales tandis que nous pouffions derrière le bâtiment.
Je me suis dirigée vers l'arrière de la scierie quand j'ai senti que quelqu'un m'y avait devancé. Suspicieuse, je suis allé regarder qui était-ce.
Il était là. Je me suis arrêtée et je l'ai regardé, il ne semblait pas étonné de me trouvée là, ce qui m'énerva au plus au point. Il était plutôt beau, il avait des cheveux blonds, ou châtains, je ne sais pas tellement, et ses grands yeux noirs étaient toujours aussi hypnotiques. Je détestais ses yeux.
«  Qu'est-ce que tu fais ici ? » lui ai-je demandé.
Bien sûr, j'étais méfiante, très méfiante.
« - Comme toi, je viens voir le souvenir de Laë. » il baissa le regard un moment, son visage reflétait une tristesse infinie.
« Tu sais à quel point nous nous sommes aimés. »
Ces mots me remplirent d'une colère intense, je l'aurais frappé si je n'avais pas été la plus faible des deux. Oui, je le savais, bien sûr que je le savais ! Tout le monde était au courant et personne n'a su pourquoi ils avaient subitement cessé de se parlés et de s'approcher. Moi, je savais. Ma sœur me racontait toujours tout. Theib ne m'inspirait plus que haine, ou bien était-ce du dégoût ? Quoi qu'il en soit, je ne supportais plus de le voir. Son regard me sembla vide et je fus prise de peur, mais gardant mon calme, je lui jetais :
« Tu l'as frappée ! T'es une ordure ! »
J'avais presque craché mes mots, avec une haine que je ne me connaissais pas. Il n'y avait personne aux alentours, je compris donc mon erreur, j'aurais du garder ça pour moi. Le regard de Theib changea brusquement, il ne savait pas que j'étais au courant, et comme une idiote je venais de le lui apprendre ! Ses yeux se transformèrent en deux petites fentes noires, je ne l'avais jamais connu ainsi et j'avais même eu du mal à croire les révélations de ma sœur, mais je ne pouvais plus ignorer la vérité, il avouait tout en un seul regard. Je pressentais le danger qui me guettait, mais mes jambes refusaient de m'obéir.
« C'est faux, d'où sors-tu une histoire pareille ? »
Ses mots résonnaient vrais, et son regard criait autre chose, je ne savais plus quoi penser. M'enfuir aurait sûrement été la meilleure solution, mais je n'y arrivais pas. Et au fond, j'avais terriblement envie de connaître la vérité, mais comment le croire ?
Son regard changea alors, il avait remarqué ma terreur et baissait les yeux, ses muscles se relâchèrent soudain, mon esprit était des plus embrouillés. Theib croula doucement vers le sol, il s'adossa contre le mur de la scierie et prit sa tête entre ses mains. Cette image me brisa le cœur, il était en train de pleurer. Rêvais-je ? Une minute plus tôt il me semblait tellement ignoble, et maintenant il était si... pathétique. Cependant je restais en place, je ne savais pas comment réagir, des larmes coulèrent sur mes joues sans que je m'aperçoives que je pleurais.
Theib leva les yeux vers moi, couvert de larmes.
« C'est faux, je te le jure, jamais je ne lui aurais fait de mal ! Mais qu'est-ce qu'elle t'a raconté ? »
Sa voix se brisa, et moi je ne savait plus que pensé, ma sœur m'aurait menti ? Mais pourquoi ? Et une tel chose ne se dit pas à la légère ! Etait-elle déjà devenue folle à ce moment-là ? Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Une chose en moi venait de se brisée, et j'aurais sûrement courru dans la forêt si la vue du corps de Laëlys ne s'était imposée à moi. Serais-je en train de devenir folle comme les autres ? Cette éventualité me fit peur, je ne voulais pas mourir, pas maintenant, pas comme ça. Je ne sais pas combien de temps nous sommes resté ainsi à pleurer, l'un assis, l'autre debout. Au bout d'un certain temps, Theib avait cessé de pleurer, il me regarda et se leva doucement, j'eu un mouvement de recule à son approche mais il me prit la main doucement.
« Pardonne-moi Naraya. »
Le pardonner, pourquoi ? Je ne comprenais vraiment rien. N'y avait-il personne pour me conseiller ? Me guider ? Me dire la vérité ? J'ai retiré ma main de son emprise brusquement. Il me demandait pardon, et pourquoi donc si il ne lui avait pas fait de mal comme il le prétendait ?
Je n'en pouvais plus de le voir, et j'avais peur, alors je me suis enfuie. Mes jambes acceptèrent enfin de me laisser partir, mais elles étaient si faible que j'ai pensé m'écrouler dans ma fuite. J'ai tout de même réussi à courir jusqu'à chez moi, je suis entrée brusquement, faisant sursauter mes parents.
« Pardon.. »
J'avais dit cela tellement bas que je doutais un instant d'avoir réellement prononcé ces mots. Je crois avoir oublié de préciser que ma mère se nomme Orianne, et mon père Eadwin. Orianne et Eadwin Loniel.
Je vis à leurs yeux qu'ils avaient pleuré eux aussi. Jamais auparavant je n'avais vu mon père pleuré, il m'avait toujours semblé fort, un peu comme une montagne, indestructible. Je me sentais en sécurité auprès de lui, il étais grand, et musclé grâce au travail de la scierie. Une personne pareille ne pleure pas en général, il reste de marbre et regarde le monde sombrer. Mais pas lui. Je ne l'en aimais pas moins. Il était le pilier qui maintenait ma mère debout, et à présent il devrait me soutenir aussi. Il savait qu'un jour nous disparaîtrions, il en avait peur et ne cessait de répéter à ma mère qu'il nous suivrait dans cette forêt. Il lui disait le soir, dans leur chambre et je les entendais. Mais j'avais décidé de m'accrocher à la vie. Cette forêt ne m'aurait pas, si je devais mourir, ce serait autrement. Je me l'étais juré, et à présent je doutais de ma force. Pourrais-je résister ?
Je ne savais pas comment expliquer mon entrée brusque, alors je ne dis rien. Ma mère me regarda.
« Je t'ai préparé un bain chaud. »
Ma mère savait toujours quoi faire pour me soulager, je l'ai remerciée, mais mon regard signifiait mieux que personne ma gratitude.
Je suis donc allée dans la salle d'eau, le bac en bois était rempli d'eau brûlante, en général je rajoutais de l'eau froide pour ne pas me brûlée, mais ce jour-là j'ai préféré m'y brûler... Peut-être ai-je espérer calmer la douleur de mon esprit grâce à la douleur physique.
L'eau rendit ma peau rouge, mais je n'y fit pas attention. Je me suis allongée, mes cheveux roux ont remplis le bac, ce bain était la chose dont j'aurais eu le plus envie à cette heure. L'eau chaude me détendit, mes muscles se détendaient avec délice. Jamais un bain ne me fit autant de bien. Nous n'avions pas souvent l'occasion de prendre des bains, c'était un luxe qu'on ne pouvait pas toujours se permettre.
Je suis restée dans mon bain un long moment, oubliant tout, l'esprit vide. Enfin une occasion d'oublier ma souffrance. L'eau chaude dissipe tout les maux.
Quand l'eau eut perdit sa chaleur, je suis sortie du bain. Après mettre sécher et habillée, je suis entrée dans le salon.
La cheminée était allumée et j'ai remarquée, à mon grand étonnement, qu'il faisait déjà nuit dehors. Je suis restée si longtemps dans ce bain ?
Orianne préparait du civet de lapin, l'odeur fit gargouillé mon estomac. Il avait trop attendu. Je suis allée dans la cuisine l'y aidé, sans un mot. Notre maison était réduite au silence, on aurait dit qu'elle avait égaré l'usage de la parole. Je ne vis pas mon père dans la maison, je devinais qu'il était parti se promener, il aimait faire cela la nuit. Mon père était un amoureux des étoiles.
Une fois le repas terminé, mon père entra dans la maison, comme s'il avait deviné qu'on en avait terminé. Nous nous sommes installé à table. Une chaise est restée vide. Ce vide était gênant, il gâchait tout.
Mon père jetait des regards nerveux vers la chaise, n'en pouvant plus, il s'est brusquement levé et l'a mise dans la cuisine, là où on en la verrait plus. En un sens, enlevé cette chaise était comme avoué la mort de Laëlys, et cela me fit mal, mais je n'en dit rien et termina mon assiette sans appétit.
Je suis ensuite montée dans ma chambre, il était tard et je n'en pouvais plus. Je me suis allongée dans mon lit. Theib me revient à l'esprit. Il disait ne rien avoir fait. Ma sœur m'aurait donc menti, et je n'en voyais pas l'utilité.
À moins que son secret ait été pire à entendre.
Je me suis endormie avec mes réflexions. Cette nuit-là, j'ai rêvé de ma sœur, et de Theib, mais je ne me souviens plus de ce qui s'est passé dans mon rêve.
Que m'as-tu caché Laëlys ?


3. Croire

Déjà levée depuis plusieurs heures, je déambulaient dans le visage, sous le regard compatissants des villageois, ou le regard hargneux d'autres. Qu'il y ait eu une nouvelle morte leur rappelait que la forêt n'était pas morte et continuait d'appelé les jeunes filles dans ses filets. Certains se souvenait de mon escapade en forêt. Ils m'en voulaient d'en être sortie, alors que tant d'autres y sont mortes.
Je n'étais plus aussi faible que la veille, je voulais des réponses. Il me fallait Theib et ses aveux. Je savais qu'il n'était pas chez lui, alors il était en forêt. Ou bien il se cachait dans le village mais cette option était très peu plausible.
Je pris donc mon mal en patience et je décidais de l'attendre à la lisière de la forêt. Il y avait un rocher où je pu m'asseoir. Cette roche était ornée de glyphes dont j'ignorais la signification, une sorte de signe ancestral. Les doyennes devaient connaître ses secrets, je leur en toucherais un mot. Je n'ai pas eu à attendre longtemps, peu après que je me sois assise, il apparut. Quand il m'aperçue, son regard se teinta d'amertume et j'eu peur d'avoir commis une bêtise.
« Qu'est-ce que tu veux ? » me lança t-il.
Je ne comprenais vraiment pas cet homme, il me demandait pardon en pleurs, et le lendemain m'envoyait une phrase emplie de haine à la figure. Il était donc fou ? Ou bien simplement partagé, je n'aurais pu le dire. J'ai encaissé la haine que dévoilait sa voix et ne dévoila aucune émotion.
« Des explications. Tu m'as demandé pardon hier, pourquoi ? »
Il me regarda, le regard bizarre, impénétrable et terrifiant. Il s'assit devant moi, devant la pierre et regarda l'herbe.
« Tu veux vraiment savoir ? »
J'ai hoché la tête, prête à entendre ses explications.
« Bon... »
Son regard se perdit, il cherchait par où commencer et je n'en pouvais plus d'attendre.
« … Je l'ai demandée en mariage. »
Mon cœur rata un battement. Je voulais entendre la suite, et il ne me fit pas attendre très longtemps.
« Elle m'a dit non. Elle ne voulait pas, elle savait que la forêt l'appellerai et ne voulait pas que je souffre, du moins c'est ce qu'elle me dit. Elle voulait savoir. Elle voulait découvrir le secret de la forêt, elle voulait échappé à son avenir. J'étais trop idiot pour comprendre sa réaction, alors j'ai cessé de lui parler, quel imbécile je faisais ! Elle m'en a voulu, mais elle a poursuivi ses recherches, elle m'a raconté que tu étais entrée dans la forêt et en étais sortie. Elle croyait qu'elle pouvait changé le destin de ce village. Elle a fait ses recherches, a découvert des choses, mais je ne sais pas quoi. Lorsque j'ai voulu m'excuser, elle s'est mise à hurler et à me dire de ne plus jamais l'approchée. Je n'ai pas compris. Elle a continué a vouloir savoir, elle a décidé d'entrer dans cette forêt, elle pensait pouvoir en sortir. J'ai essayé de l'en empêcher, mais je n'ai rien pu faire. Elle m'a menacé avec un poignard, elle hurlait comme une démente... Je n'ai rien pu faire, tout ça est de ma faute. Avec ma demande en mariage, j'ai ravivé son désir de comprendre le secret de la forêt... »
Sa voix se perdit tandis que mon esprit partait à la dérive. Ma sœur avait forcément appris une chose qui l'a rendue folle. Je ne voyais pas d'autre solution. Elle avait cherché et avait découvert quelque chose que sa conscience n'a pas supporté. Je me perdais en réflexion quand la voix de Theib me tira vers la réalité.
« Crois-moi ou non, je n'ai fait qu'avouer la vérité. »
Je le croyais, c'était la seule explication plausible au changement d'attitude de ma sœur, les jours qui ont précédé sa mort.
« Je te crois... merci de m'avoir dit la vérité. »
Je me suis levée et je suis partie. J'étais bien décidée à découvrir ce que ma sœur avait découvert avant moi. Qu'y avait-il de si terrible ? Que s'était-il passé ?
Je réfléchissais aux endroits visités par Laëlys, les gens qu'elle avait rencontrés avant sa mort. Mes souvenirs étaient embrouillés, je ne savait plus tellement où me située, ma sœur m'avait beaucoup évitée les jours qui ont précédés son départ en forêt. Tellement évitée que je me demandait si je n'étais pas la cause de sa folie, après tout, j'étais sortie indemne de cette forêt... Il faut croire que la bête dormait ce jour-là, car je ne vois pas pourquoi j'en serais sortie alors que les autres y sont mortes, il n'y avait pas d'explication plausible à ça.
Ma sœur avait vu des gens qu'elle ne fréquentait pas en temps normal.
Les doyennes.
Le grand prêtre.
L'étrangère appelée sorcière, qui était repartie.
Trois personnes qu'il me fallait voir. Les doyennes seraient faciles à rencontrées, le grand prêtre aussi. Mais la sorcière était repartie, il me faudrait savoir où, il faudrait que je la retrouve.
Elle avait vu bien d'autres gens, mais ceux-là étaient sûrement les mieux placé pour m'en apprendre d'avantage. Il fallait que je crois en ma réussite. Il fallait que je découvre ce qui avait tant bouleversée ma sœur. Il fallait que je croie aux révélations de Theib. Peut-être m'aiderait-il à savoir où était allée ma sœur, mais il ne fallait pas lui en demander trop, il était brisé et cela se voyait. Il avait perdu l'être qui lui était cher et pensait que c'était de sa faute, quoi de pire que cela ? Peut-être qu'il ne voudrait pas que je cherche ce que cherchait ma sœur, il fallait seulement espéré qu'il ne m'empêcherait pas de découvrir le vérité. Il ne me restait plus qu'une chose à faire.
Croire.
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MessageSujet: Re: Écrits d'Eda   Écrits d'Eda Icon_minitimeDim 10 Mar - 12:23

Pas d'avis ? Si ça vous plaît je peux envoyer la suite...
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MessageSujet: Re: Écrits d'Eda   Écrits d'Eda Icon_minitimeLun 11 Mar - 13:57

Envoie la sauce ! J'adore !
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MessageSujet: Re: Écrits d'Eda   Écrits d'Eda Icon_minitimeMar 12 Mar - 16:41

Voilà m'dame ! :clin d\'oeil:


4. Les doyennes


Ma détermination augmentait chaque seconde, le besoin de savoir s'était emparé de mon être tout entier, il fallait que je saches, que la vérité éclate au grand jour. Mais quelle vérité ? Et si elle n'avait rien découvert ? Et si c'était pour cette raison qu'elle était devenue folle ?... Non, il ne faut pas perdre espoir, les réponses sont là, devant moi. Il suffit que je tende la main pour les attrapées. Rien de plus. Il faut espérer que ma main soit assez grande.
Les doyennes étaient prêtes à me recevoir ce jour même. Ce serait un premier pas.
« Naraya ? »
Ma mère. Elle voulait savoir ce que je faisais, enfermée dans ma chambre depuis des heures, à écrire dans mon petit carnet tout ce que je savais et les questions que je poserais. Mais elle ne devait pas savoir ce que je cherchais, elle refuserais de me laisser poursuivre mes recherches. J'ai donc précipitamment placé mon carnet sous mes draps, avant qu'elle n'entre dans ma chambre et me regarde. J'étais immobile, assise sur mon lit.
« Quoi ? »
Elle m'observa, je pouvais voir les rides qui s'étaient creusées sur le chemin de ses larmes. Elle avait toujours ses cheveux blonds nattés. Elle avait mi sa longue robe bleue, c'était une robe simple d'un bleu neutre. Elle était jolie avec, tout simplement jolie.
« Tu... Qu'est-ce que tu fais ?
- … Rien... Tu as besoin d'aide ? »
Son regard me scruta, comme si elle savait pertinemment ce que je faisais quelques minutes avant son arrivée, et ce que je prévoyais de faire ensuite. Je m'en voulu un peu de lui mentir ainsi, ce n'était pas dans mes habitudes et elle souffrait déjà bien assez.
« Non, je voulais juste savoir ce que tu faisais toute seule. »
Sans un mot de plus, elle sortit et repartit au salon. Un nœud me serra le ventre, elle avait l'air si... tellement ailleurs. Les morts prennent plus de place que les vivants. Elle ne me parlait quasiment plus depuis la mort de ma sœur, comme si ce fut un crime. J'en aurais pleuré si je n'avais pas cette détermination qui bouillait au fond de moi.
Il ne restait plus beaucoup de temps à attendre avant de pouvoir parler aux doyennes. Je révisais donc mes questions, il me faudrait avoir l'air naturelle.
Premièrement, demandez ce que voulait Laëlys, ensuite, les questionnées sur l'étrangère qu'on avait appelé sorcière et sur la pierre qui se trouvait à l'entrée de la forêt.
Ce serait déjà un bon début, et pour le reste, on improviserait.
Il était temps, j'ai pris ma bourse en peau de daim et y ait mis mon carnet, et mon crayon. Après avoir enfilé mon manteau, je suis sortie sans un regard vers ma mère qui ne m'avait même pas vue passer sous ses yeux.
Il faisait frais dehors, l'automne était là et les feuilles mortes couvraient les abords de la forêt. Bientôt ce serait l'hiver et la neige couvrirait le village.
L'habitation où se trouvaient les doyennes était la plus éloignée du village. En bois, elle craquait sous le vent mais n'avait pas perdue son charme. C'était une belle maison, grande, avec un étage et une grande cheminée. Je n'y étais jamais entrée, les doyennes préféraient la salle commune pour parler aux villageois.
Non sans peur, j'ai gravis les marches du perron et me suis arrêtée devant la porte. J'ai toqué, à deux reprises. Pas de mouvements, rien. L'idée de rebrousser chemin me traversa l'esprit, mais je m'y refusais et renouvelais mon essai. Il y eût un bruit et la porte s'ouvrit en grinçant. La personne qui m'ouvrit devait avoir sept ou huit an, c'était une petite fille brune aux cheveux ébouriffés et au sourire rieur. Ses yeux marrons pétillaient. Je ne l'avais jamais vue auparavant et mon étonnement fut intense, tout le monde se connaissait au village. Je suis restée un moment immobile, encore sous le choc quand l'une des doyennes apparut au bout du couloir qui se trouvait à l'intérieur. Elle était toute maigre et ridée, avec le dos courbé. Son regard me fit peur, on aurait dit qu'elle voulait massacrer le village entier par un seul regard. Ses cheveux blancs étaient attachés en chignon et le noir de ses yeux pénétrant.
« Maëlle ! Vas dans ta chambre immédiatement. »
La petite fille se retourna et partit en courant. Je n'avais même pas entendu sa voix. Je ne bougeais toujours pas, cette vieille femme me faisait peur, ce n'était pas l'une des doyennes qui faisaient parties du conseil. Je ne l'avais jamais vue non plus. Combien de personnes se cachaient encore ?
« Et toi, qu'est-ce que tu attends pour rentrer ?! »
Je lui jetais un regard étonné, c'était à moi qu'elle s'adressait apparemment, vue que j'étais seule devant la porte. La peur au ventre, je suis entrée et ait refermé la porte. La vieille femme avait déjà disparue à travers le nombres innombrables de couloirs de la maison. Elle ne paraissait pas si grande de dehors.
Je marchais dans les couloirs, à la recherche des doyennes du conseil, mais la maison avait l'air vide, aucun bruit n'en sortait, la seule chose que j'entendais était le craquement de mes pas sur le sol. Plus j'avançais plus ma peur grandissait, la maison semblait sans fin et je ne savais même plus où se trouvait la sortie. Mais qu'est-ce que c'était que cet endroit ? J'ai erré longtemps dans les méandres de la maison, à la recherche de quelqu'un, je me sentais terriblement seule.
Au détour d'un couloir, une jeune femme marchait dans ma direction, je poussais un cri d'étonnement. La femme s'arrêta brusquement, étonnée. Elle portait un bac de linge sur sa tête. Mon cœur avait cessé de battre. Son visage... Il portait une longue cicatrice qui partait du haut de son front et déchirait son visage jusqu'au menton, trois cicatrices. On aurait dit qu'elle s'était faite griffée par un ours. Elle devait être jolie avant, surtout avec ses beaux cheveux blonds et ondulés. Quand l'étonnement fut passé, elle s'approcha de moi.
« Tu dois être Naraya. Les doyennes t'attendent, qu'est-ce que tu faisais ? »
Elle avait un ton légèrement agacé. Je n'ai rien répondu, intimidée. Elle a sembler encore plus énervée par mon silence.
« Allez, suis moi. »
Je l'aie suivie sans un mot, j'avais un peu honte de mon comportement.
« Je suis désolée, je ne voulais pas...
- Laisses, y'a pas de mal. Je m'appelle Élise.
- Ha, c'est joli Élise. »
Notre conversation s'arrêta là. Elle ne dit rien de tout le chemin et me conduit devant une porte, tout aussi identique que les autres.
« C'est là. Entre. »
Et elle partit sans un mot de plus. Un peu décontenancée, je ne savais plus tellement quoi penser. Qui étaient toutes ces femmes inconnues ? Encore une question de plus.
Avec un peu d'hésitation j'ai tourné la poignée de la porte et suis entrée. La pièce n'était pas très grande, sans décorations, comme le reste de la maison. Il y avait un bureau, vide, et derrière Olis, l'une des doyennes du conseil.
Quand elle me vit, son visage ridé esquissa un mince sourire.
«  Cela faisait longtemps. Assieds-toi. »
Sans comprendre à quoi elle faisait allusion je me suis assise sur le fauteuil qui faisait face au bureau. Ses yeux noirs étaient assez intimidants, si ma motivation n'avait pas été si grande, je me serais enfuie depuis longtemps. Ses mains raidies par les années tremblaient légèrement, posées sur le bureau.
« Hé bien, que nous vaut ta visite ? »
Un peu perdue, je ne savais pas très bien par où commencer.
« À vrai dire, j'aurais des questions à vous posé.
- Je t'écoutes.
- … Une petite fille m'a ouvert la porte, qui était-ce ? Je crois qu'elle s'appelait Maëlle. »
Le regard de la doyenne s'arrêta, son sourire n'avait pas changé, elle était immobile et ses pensées étaient passées sous clefs.
« Cette petite fille est une orpheline que l'on a découverte dans la forêt. »
Je suis restée un moment sans bouger, j'essayais de repasser cette phrase dans ma tête, que disait-elle donc ?
« Tu ne dois pas être au courant, je suppose, de la fonction de cette maison. »
Je la fixais, perdue. Une fonction ?
Voyant mon incrédulité, elle poursuivit.
« Cette maison est faite pour protéger toute femme, ou fille sortant vivante de la forêt. J'aurais pensé que l'on te l'aurait dit, après ton départ de chez nous, mais tu sembles avoir oublié tout ça. »
Je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais, comment cela ? Je ne me souvenais pas de quoi ? Je n'étais jamais venue ici ! Et puis, personne ne sortait de la forêt, c'était impossible... mais, cette femme, Élise... ça voudrait dire qu'elle avait été confrontée à la bête dans la forêt, d'où sa cicatrice... Mais non, c'était impossible.
« Mes espoirs étaient donc vains, moi qui espérait que tu revenais vivre avec nous. Puisque tu sembles l'avoir oublié, tu as vécu ici durant plusieurs semaines après ton escapade en forêt. Mais tes parents ont refusés que tu restes ici et t'ont reprise avec eux. »
Mes... parents ? Décidemment, je ne comprenais plus rien du tout. Personne ne m'avait jamais parlé de cet endroit, ce à quoi il servait. Pourquoi ? Et pourquoi m'en retirée ? Et pourquoi je ne m'en souvenais plus ?
« Maintenant, je supposes que tu as d'autres questions, alors vas-y, je n'ai pas toute la journée. »
Sa voix avait changée, elle était dure et autoritaire, tout sourire avait déserté son visage.
« Je voulais savoir... Si vous saviez où était allée la sorcière ? 
- La sorcière ? Elle est partie à l'est, c'est tout ce que je sais. Quoi d'autre ?
- Hé bien.. Il y a une pierre à l'entrée de la forêt, avec des signes dessus. Qu'est-ce qu'ils signifient ? »
La doyenne me fixa avec dureté, comme si je venais de proféré des mensonges.
« Je n'en sais rien du tout, je ne savais même pas que cette pierre existait. Tu es sûre de ce que tu dis ?
- Je.. oui... enfin, ce n'est pas important. Quand... Ma sœur est venue vous voir, que voulait-elle ?
- Laëlys ?... Elle voulait seulement voir un livre, que l'on a pas retrouvé après son départ. Autre chose ?
- Heu.. non, je ne crois pas.
- Bon, alors vas t-en... si tu trouves la sortie bien sûr. »
J'avais à peine entendu ses derniers mots, mais ils me glacèrent le sang. Sans demandé mon reste me suis levée et lui ait tourné le dos. J'ai senti son regard qui ne me quittait pas et suis sortie de la pièce précipitamment. Une fois dans le couloir je faillis pleurer d'incompréhension et de peur. Mon esprit était embrouillé, l'univers entier semblait s'écrouler autour de moi. J'ai commencé à courir dans les couloirs, à la recherche de la sortie, prise de panique. Les derniers mots d'Olis résonnaient en moi comme une sentence. Trouver la sortie, trouver la sortie... Je ne sais pas combien de temps j'ai couru, tournant en rond. Les couloirs n'en finissaient pas de défiler sous mes yeux, mon cœur s'emballait, tous les couloirs étaient identiques, aucun moyen de s'y retrouver. Finirais-je un jour par trouver la sortie ? Plus le temps passait, plus cette certitude se perdait, je n'y arriverais pas, s'en était fini de moi... Je n'avais rien découvert de plus, je n'avais fait qu'apporter de nouvelles questions aux autres.
Et puis finalement, on m'attrapa la main, m'arrêtant dans ma course. Je hurlais et me débattais, mais l'emprise se desserra.
« Chut ! Arrêtes de gigoter un peu ! »
Étonnée, j'ai levé les yeux vers la femme, Élise.
Soulagée, j'ai éclaté en sanglots. Elle me prit la tête dans ses mains délicates et me sourit tristement.
« Allez, ça va aller ne t'en fais pas, je vais t'amener à la sortir, mais ne fais pas un bruit et ne dit rien. »
J'ai acquiescé avec soulagement et ai arrêté mes pleurs. Je l'aie suivit dans les couloirs, tous identiques, il n'y avait aucune fenêtre nul part. Nous avons longuement marché et j'ai enfin reconnu la porte d'entrée. J'ai entendu une voix crié derrière nous, je n'ai pas compris ce qu'elle disait. Élise s'est tournée vers moi.
« Cours au bout du couloir et sors. Allez ! »
Je l'ai écoutée et j'ai couru. J'ai ouvert la porte et me suis retournée. Elle m'a regardée avec un sourire. Il y eut un nouveau cri et j'ai refermé la porte et ait couru le plus loin possible. La maison était en retrait du reste du village, je voyais les maisons au loin, elle me semblait si lointaines... À force de courir comme une dératée je suis tombée dans l'herbe, le souffle coupé je suis restée à terre un moment, les mains au sol. Et puis je me suis retournée vers la maison, une larme coula sur ma joue.
Élise.


5. Pourquoi ?


Je n'en pouvais plus d'y penser. Cette maison était maudite, plus jamais je n'y retournerais, ça non ! Mais il fallait que je saches... qui était cette petite fille, cette vieille femme, Élise, que cachait cette maison ? Il fallait que j'y retourne, je n'aurais pas dû fuir ! Mais j'avais si peur... je ne pouvais me résoudre à y retourner, je n'en sortirais peut-être pas une deuxième fois. Courir le risque ? Non... du moins pas pour le moment. Après m'être enfuie, j'étais rentrée chez moi, sous le regard étonné de ma mère qui ne s'attendait pas à me voir aussi essoufflée. Je n'avais rien dit et étais monté dans ma chambre, où j'étais à présent. Le monde avait perdu son sens, tout arrivait trop vite, mon esprit ne pouvait pas supporter un tel choc. C'en était trop pour que j'arrive à réfléchir, mais il ne fallait pas que je me laisse abattre. Avant d'entrer dans cette maison, j'aurais encore pu abandonné mais à présent, ce n'était plus possible. Plus je restais seule dans cette chambre, les yeux rivés vers le lit de ma sœur, plus ma haine grandissait. Mes parents me cachaient des choses, j'en étais certaine. Ils me devaient la vérité. Je portais encore mon manteau, je l'ai retiré avec rage et l'ai envoyé boulé à l'autre bout de la petite pièce. C'en est fini des secrets, il y en avait assez ! Sans même réfléchir, j'ai dévalé les marches pour me rendre au salon où mes parents me jetèrent un regard étonné en voyant mes cheveux ébouriffés, mes larmes et ma colère. Je les détestaient de me regarder comme ça ! Tout ça était leur faute, s'ils me disaient la vérité depuis le début, je n'en serais pas là !
« On peut savoir pourquoi vous m'avez retirée de la maison des doyennes ? Pourquoi vous ne m'en avez jamais parlé ? Pourquoi me dire que j'avais été dans la forêt ne vous est jamais venu à l'esprit ?! »
Je hurlais, envoyant toute la haine que je contenais hors de moi. Je n'en pouvais plus de me taire, de les voir m'éviter avec leurs regards vides ! J'étais encore vivante moi, alors pourquoi ne parlaient-ils que de Laëlys ? Ils ne me voyaient donc pas, là, devant eux ? Je n'étais pas un fantôme pourtant, Laëlys, si ! Ne voyaient-ils plus que les fantômes ?
Ils me regardaient, étonnés. Je voyais bien qu'ils ne s'y attendaient pas, mais est-ce que je m'y étais attendue moi peut-être ?
« Naraya... C'est compliqué... »
Mes yeux s'enflammèrent, ils pensaient peut-être que je n'avais pas remarqué ?
« Je me fiche que ce soit compliqué, je veux la vérité rien d'autre ! »
Je ne pouvais pas m'empêcher de hurlée comme une démente, mais c'en était trop pour moi, il fallait que ça sorte. Mon père m'invita à venir m'asseoir avec eux mais je ne bougeais pas, je restais dans les escaliers, il était hors de question que je m'approche d'eux.
Je voyais qu'ils se consultaient du regard, préparaient-ils d'autres mensonges ? Ils n'avaient pas intérêt. Et puis finalement, mon père se décida à parler, d'une voix calme mais légèrement triste. Je m'en voulais de les faire souffrir ainsi, mais je n'avais plus le choix. Devenais-je folle à mon tour ?
« Les doyennes... Ne sont pas ce que les gens croient. Nous leur faisions confiance, lorsqu'elles ont proposées de te prendre avec elles... Nous avons d'abord accepté, l'étonnement de te voir sortir de la forêt avait été intense, nous ne savions pas vraiment quoi faire après cela... vivre normalement nous semblait impossible. Alors nous les avons laissées te prendre, pensant que ce serait la meilleure solution. Mais les jours ont passés, et on ne te voyait jamais, tu ne sortais pas et nous souffrions de ton absence. Un jour, nous avons décidé d'aller te rendre visite. Nous nous sommes rendus à la maison des doyennes, heureux de partir te retrouvée. Au départ, quand Olis nous a accueillis, elle ne voulais pas que nous te voyions, alors nous avons insisté, trouvant cela de plus en plus étrange... Alors... Elle t'a fait venir... Nous... Nous t'avons regardé, pleins d'horreur... Tu avais changée, tes yeux devenaient noirs... tu... tu avais la racine des cheveux noire elle aussi... Tu portais des traces de blessures dans le dos... Nous n'avons pas supporté cette vue, nous t'avons prise avec nous et nous sommes enfuis. Nous n'avons plus jamais mis les pieds là-bas, tu avais tout oublié, tu ne te souvenais de rien... Nous avons préféré que ces mauvais souvenirs ne te reviennent jamais, tu comprends ? »
Au fur et à mesure qu'il avait parlé, sa voix s'était faite de plus en plus rauque, et moi, je m'étais peu à peu affaissée dans les escaliers, pour finir assise sur les marches. Ça ne pouvait pas être vrai, tout ça, toutes ces horreurs... Je me suis mise à pleurer, ce n'était pas vrai, non, c'était trop dur à entendre. Les doyennes étaient les gardiennes du village, les guides, depuis toujours... Je ne pouvais y croire. Alors j'ai pleuré, la tête dans mes bras, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, pleine d'horreur et d'incompréhension.

*
* *

Je ne me souviens plus tellement de ce qui se passa ensuite, il me semble que mon père m'a portée dans mon lit, j'étais si fatiguée par les émotions que je m'étais endormie dans mes pleurs. Je n'y comprenais vraiment plus rien. À mon réveil, j'ai presque cru que j'avais rêvé, et puis je me suis levée. Ça ne pouvait qu'être vrai, j'avais encore des cicatrices dans le dos, on m'avait fait croire toutes ces années que j'avais eu un accident dans la scierie, que mes cicatrices venaient de là. Je les ais effleurées du bout des doigts, vérifiant qu'elles étaient bien réelles. Elles l'étaient. Je suis resté assise sur mon lit, je me sentais vidée. J'avais envie d'oublier toutes ces choses, mais je ne pouvais pas. J'avais peur de me souvenir de ces moments chez les doyennes, qui voudraient retrouvés de tels souvenirs ? Mais je ne savais même pas ce qu'elles m'avaient vraiment fait, alors se souvenir pourrait servir... Mais il n'y avait pas lieu d'y penser, puisque de toute manière je ne m'en souvenais pas. La peur faisait maintenant partie de moi, je savais qu'il ne se passerait pas un seul instant où je pourrais me sentir tranquille. Que me voulaient ces folles ? Mes pensées divaguaient, je repensais à la petite fille, Maëlle, et à Élise. Il fallait se porter à leur secours, faire quelque chose avant qu'il ne soit trop tard. Mais je n'étais pas assez courageuse ni même assez forte pour faire quoi que ce soit... C'était pire que tout, savoir qu'on ne peut rien y faire... Ce village était corrompu, il y avait quelque chose de malsain en lui... tout ces morts, ces secrets, est-ce une vie que de vivre ici ? Pourquoi les femmes ne partaient-elle pas au lieu d'attendre la mort ? Combien étaient sorties de la forêt ? La bête, qui était-elle ? Et si elle n'était pas réelle ? Et si... Trop. Trop de questions sans réponses, je deviens folle. Est-ce que Laëlys était devenue folle de la même manière ? Allais-je commettre une folie ? Le noir m'enveloppe, je ne sais plus à quoi réfléchir, la vie s'effiloche. Je divague. J'ouvre les yeux, les referme, je ne vois presque plus rien, ne comprends rien. J'ai froid, je tremble, et j'ai chaud, je brûle. Que m'arrive t-il ? Vais-je mourir ? Est-ce un sort ? Je hurle, je pleure, je ne suis pas sûre qu'un seul son sorte véritablement de ma bouche, mais je suppose que oui, car j'entends quelqu'un accourir, parler. Je sens qu'on m'allonge de nouveau, on me couvre d'une couverture. Je sens un linge mouillé sur mon front, je ne comprends pas. Je vois Maëlle, je vois Élise et Olis, Laëlys aussi... Vais-je mourir, sont-elles là pour m'accueillir ? Ou est-ce comme cela que se manifeste la folie ? J'essaye de réfléchir mais ma tête me fait mal. Je sombre.

*
* *

J'ouvre les yeux avec peine. Il m'a semblé me réveillée de plusieurs années de coma. Le soleil matinal entre dans ma chambre avec clarté, par ma fenêtre ouverte. Tout me semble rayonner. Je sens qu'il y a quelqu'un près de moi, je tourne la tête avec difficulté. Un homme. Le grand prêtre. Il faisait aussi office de guérisseur, je me souviens. Et puis je me rappelle que je voulais lui parler, mais je n'en avais pas encore la force. Il me regarda tristement et eu un sourire. C'était un homme d'une quarantaine d'années, les cheveux bruns parsemés de blanc, un visage simple et avenant avec une légère barbe et des yeux d'un bleu glaçant.
« On peut dire que tu as eu une bonne fièvre, comment te sens-tu ? »
Je le regarde. Une fièvre ? Violente cette fièvre, je ne me rappelais pas en avoir eu de pareilles auparavant.
« Je crois que... ça va. »
- Tant mieux, on s'est beaucoup inquiétés tu sais. Cette fièvre était pour le moins... Foudroyante.
- Dites-moi... Il me semble... que Laëlys est venue vous voir avant... »
Il me semble que ma voix est pâteuse, les mots ont du mal à sortir. Il tourne vers moi un regard étrange, un peu étonné.
« Hé bien, oui, elle est venue me voir. »
Il semble hésiter, ma curiosité augmente.
« Que voulait-elle ?
- Elle... Voulait me parler, se confesser.
- De quoi donc ?
- Je serais un bien mauvais prêtre si je te le disais, Kalys ne le permettrait pas. »
Kalys était notre dieu. On le représentait souvent avec un double visage, moitié homme moitié femme, assis dans une fleur de jusquiame, tenant dans ses mains des poignards et des roses. Je regrettais que le prêtre ait raison, on ne doit révéler une confession, même après la mort de la personne concernée. Je fis une grimace, je ne saurais pas. Seulement, il fallait que je saches.
« Et notre dieu ne voudrait pas que je saches la vérité sur ma propre sœur ? N'est-il pas le donneur de vérité ? »
Le regard du prêtre changea, j'avais touché juste.
« Certes, tu as raison, mais je ne pense pas que ce qu'elle ait pu me dire t'intéresse.
- Et moi je veux savoir.
- Tu es têtue... Elle m'a seulement parlé de sa relation avec le jeune homme, Theib. Rien d'autre. »
Je tiquais, avait-elle confessé ses mensonges ?
« Qu'a-t-elle dit à ce propos ?
- Je ne peux te le dire, désolée. Mais ne t'en fais pas, rien de grave, des problèmes d'amants, rien d'autre. »
Je baisse les yeux, un peu déçue. J'ai encore mal à la tête. Le prêtre se lève, il a l'air triste et gêné. Il se dirige vers la porte, avec sa longue tunique marron. Il ouvre, hésite. Il se retourne vers moi.
« Laisses les morts où ils sont Naraya, c'est mieux pour tout le monde. »
Sur ces derniers mots, il sort, me laissant seule avec mes doutes. Que voulait-il dire par là ? De ne pas chercher la vérité ? Je fermais les yeux, ma tête me faisait souffrir et mes jambes ne m'appartenaient plus.
Je m'endormis dans un sommeil troublé.
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